Daniela Yohannes : Eternal Space.

« […] Ma pratique me permet d’explorer des récits romanesques, et ainsi supprimer toute limitation et frontière concrète. Je fais de l’art afin d’essayer de me comprendre moi-même, mon environnement et l’infinité du monde. […] Je peins des personnages qui enquêtent et font face au vide. Je peins des personnages qui sont des facettes de moi-même, mais pas sur terre. Je peins des caractères qui découlent d’une longue et lointaine aspiration à la liberté. » (Extrait de la « Note d’intention» de Daniela)

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Sea is history

« La pensée dessine l’imaginaire du passé : un savoir en devenir. On ne saurait l’arrêter pour l’estimer, ni l’isoler pour l’émettre. Elle est partage dont nul ne peut se départir ni, s’arrêtant, se prévaloir. »

Edouard Glissant

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fais-moi taire si tu peux

« Une conversation raisonnée sur la façon dont artistes et conservateurs de tous horizons représentent traumatismes collectifs et injustices raciales serait, dans un monde idéal, une occurrence régulière dans les musées et les écoles d’art. [Aussi, c’est une tannée profondément puritaine et anti-intellectuelle que] d’émettre un jugement moral avant tout effort de compréhension esthétique. L’on peut considérer les œuvres d’art comme des indicateurs de privilège racial, sexuel et de classe – je le fais souvent. Mais, supposer que des appels à la censure et à la destruction constituent une réponse légitime à l’injustice perçue, nous entraine sur un chemin bien sombre. » Coco Fusco

contre-feu

« Cela va bientôt faire une décennie que je fais ça et je n’ai jamais reçu d’invitation à venir aux États-Unis, alors je dois supposer qu’il n’y a pas beaucoup d’intérêt. Quand ce n’est pas négatif, (…) ce n’est pas aussi attrayant pour le public, parce que ce n’est pas une belle histoire, cette histoire pleine de compassion. (…) Les planètes, les étoiles, le futurisme et le voyage dans le temps – ce type de visions ne sont pas supposées provenir de garçons noirs originaires de Detroit. » Jeff Mills, co-fondateur du collectif Underground Resistance.

L’amour et la violence

« Tout ce que je me rappelle, c’est l’indicible douleur […]. Oui, cela représente véritablement quelque chose, quelque chose d’indicible, dans une nation anglo-teutonique et antisexuelle, d’être né noir. Très bientôt, sans même vous en rendre compte, vous abandonnez tout espoir de communion. Les Noirs, pour la plupart, baissent les yeux ou les lèvent au ciel, mais ne se regardent pas les uns les autres, et les Blancs, pour la plupart, détournent le regard. Et l’Univers est comme un tambour creux. Il n’y a aucun, absolument aucun moyen, me semblait-il alors et m’a-t-il encore parfois semblé depuis, de vivre normalement, d’aimer […] ou d’être aimé. »

l’afrofuturisme en 3 points EXPANSION(S)

La SF et autres genres fantasy ont aujourd’hui cessé d’etre une contre-culture, perdant de leur caractère alternatif et parfois subversif. Toutefois, l’idée de durabilité écologique, en «rapprochant» significativement l’avenir, pose une urgence a changer le présent, ici et maintenant. Ce à quoi s’ajoute la démocratisation d’un certain nombre de savoirs & pratiques et l’explosion des styles & références qui ont fait évoluer la notion de marge (espaces dématérialisés, communautés virtuelles, etc.). L’AFROFUTURISME engage ainsi un changement global, créatif et d’actions. Prenant le parti de ceux qui pendant des siècles, marginalisés, ont incarnés l’altérité, il s’adresse plus que jamais à l’ensemble du monde. Inclusif et foisonnant, hétérogène et décomplexé, trans- (au sens premier de traversée), il nous invite à performer le monde.

l’afrofuturisme en 3 points CONCEPTUALISATION

L’afrofuturisme se fait (re-)connaître par son rapport à la fiction, voire à la science-fiction. Plus qu’une échappatoire, il propose des alternatives à un présent qui, au pire nous refuse toute existence, au mieux échappe à notre influence. C’est l’avènement de nouveaux imaginaires comme outils de remise en question et de critique, pour de nouvelles narrations de l’histoire. Fait d’auteur.e.s qui, opiniâtres, proposent de nouvelles représentations du monde – plus ou moins radicales mais toujours neuves – l’afrofuturisme permet d’envisager, d’imaginer et de faire advenir le monde autrement. Par delà le songe, il devient méthodologie prospective.

l’afrofuturisme en 3 points INCARNATION

L’afrofuturisme est d’abord l’affaire de parcours individuels. Entre fantasmes personnels, provocation et leadership, il est le fait de personnalités fortes et libres dont la mission n’est autre que d’insuffler à chacun le courage nécessaire à sa propre émancipation, à son auto-définition. Jouant des lois et des habitudes communes ou imposées, écrivant leur propre mythologie, leur modèle sert à lui seul de manifeste. Musiciens, ils feront de l’engouement pour la « black music » le levier de diffusion de leur message – éclectique, impossible, dense. L’afrofuturisme se pose dès lors comme un mode de vie original et auto-déterminé : c’est la force du mythe.

B(s)ttf x Musée du Quai Branly

Les Week-ends sont un nouveau rendez-vous pour découvrir une exposition de manière inédite ! Musiciens, danseurs, artistes plasticiens, conteurs et conférenciers investissent le musée pour vous faire vivre un moment unique, autour de l’exposition « The Color Line – Les artistes africains-américains et la ségrégation » et explorer près de 150 ans d’histoire de l’art africain-américain. Activités gratuites, en accès libre ou sur présentation d’un billet d’entrée au musée, dans la limite des places disponibles.

Les condominiums éthiopiens : « prisons » ou cités dorées ?

Depuis 2005, le gouvernement éthiopien s’est lancé dans une vaste politique de renouvellement urbain et de construction. Pour répondre à la demande de logement croissante dans les villes éthiopiennes, il a construit près de 80.000 condominiums. La majorité sont situés à Addis-Abeba […]. 63.677 familles ont déjà bénéficié d’un logement dans un condominium. La mairie les distribue par loterie. Ceux qui ont remporté le gros lot ont ensuite 30 ans pour payer les 40.000 birrs, soit environ 1800 euros requis par la ville pour devenir les heureux propriétaires de leur appartement. (Slate Afrique)

Appropriation culturelle : quelles pratiques pour quelles conséquences ?

« Une adolescente japonaise qui porte un tee-shirt floqué du logo d’une grosse compagnie américaine n’est pas la même chose que Madonna qui porte le bindi comme si elle en était à l’origine. La différence, c’est l’histoire et le pouvoir. La colonisation a rendu les cultures occidentales anglo-saxonnes puissantes et convoitées. L’ignorance d’une culture est un fardeau pour les asiatiques, les africains et les peuples indigènes, et est méconnue d’une majorité des descendants européens […]. Peu importe d’où vient l’appropriation. Si une culture dominante sophistique des éléments au hasard (un style de robe, une manière de parler, un style de musique) de ma culture […], mais d’un autre côté dédaigne ma façon d’être et cherche à me marginaliser, c’est clairement une insulte ». Tamara Winfrey Harris

Afro-futuristes Anonymes

“Pour le meilleur ou pour le pire, on parle souvent de moi comme le premier auteur de science-fiction africain-américain. On retrouve pourtant [au sein] ce que l’on qualifie généralement de proto-science fiction, un certain nombre d’auteurs noirs. [M. P. Shiel, Martin Delany, Sutton E. Griggs, Edward Johnson…] Je crois avoir entendu Harlan Ellison [NDLR : auteur américain de science-fiction] affirmer que dans la génération pulp, nous connaissons des dizaines d’écrivains, mais uniquement par leurs prénoms […] Ainsi nous n’avons tout simplement aucun moyen de savoir [combien] étaient noirs, hispaniques, femmes, natifs Américains, asiatiques… C’est l’apanage des écrivains. » Samuel R. Delany