Dans son article paru dans AnOther Magazine, Laura Havlin saisit de manière assez juste les contours de l’esthétique afrofuturiste et son influence sur les tendances vestimentaires afro. (N.D.L.R. : l’article qui suit est d’abord été publié sur « Afrosartorialism », le blog de la chercheuse Enrica Picarelli, le 29/12/15)
Étiquette : Ambivalences / Intersections
IDENTITES / PORTRAITS
Noir.e, trans et fièr.e
Le mouvement Black Lives Matters, employé pour la première fois en 2013, est un mouvement militant développé de l’autre côté de l’Atlantique, à la suite des violences et bavures policières au sein de la communauté afro-américaine. « Les vies noires comptent » telle est la devise de cette mobilisation, dorénavant présente non seulement aux Etats-Unis, ou au Canada, mais aussi en Afrique et au Ghana notamment.
Neals Niat : Follow The Story Between The Lines…
« Je dessine depuis que je suis tout petit, ça a toujours été une passion, qui est devenue depuis quelques années quelque chose de plus concret. Mes œuvres étant en grande partie inspirées de mon enfance passée au Cameroun et du monde qui m’entoure, il m’a toujours paru évident de travailler en noir et blanc, un peu comme des VHS : j’appelle ça la « Monochromatic Visual Metaphor ». Je veux transmettre ma richesse culturelle à travers mon travail de façon ludique. » Neals
Art by Krigga : balance your equation
“J’ai vraiment commencé à m’intéresser au collage quand je me suis mis à étudier l’alchimie. L’idée de prendre une “prima materia” et de la transmuter en quelque chose de nouveau m’est apparu comme une évidence. J’ai toujours été fasciné par l’esthétique du collage, et j’étais naturellement doué pour ça. Ce qui m’a définitivement motivé c’était le manque de visages et de corps noirs au sein d’une telle expression.” Krigga
Appropriation culturelle : quelles pratiques pour quelles conséquences ?
« Une adolescente japonaise qui porte un tee-shirt floqué du logo d’une grosse compagnie américaine n’est pas la même chose que Madonna qui porte le bindi comme si elle en était à l’origine. La différence, c’est l’histoire et le pouvoir. La colonisation a rendu les cultures occidentales anglo-saxonnes puissantes et convoitées. L’ignorance d’une culture est un fardeau pour les asiatiques, les africains et les peuples indigènes, et est méconnue d’une majorité des descendants européens […]. Peu importe d’où vient l’appropriation. Si une culture dominante sophistique des éléments au hasard (un style de robe, une manière de parler, un style de musique) de ma culture […], mais d’un autre côté dédaigne ma façon d’être et cherche à me marginaliser, c’est clairement une insulte ». Tamara Winfrey Harris
Afro-futuristes Anonymes
“Pour le meilleur ou pour le pire, on parle souvent de moi comme le premier auteur de science-fiction africain-américain. On retrouve pourtant [au sein] ce que l’on qualifie généralement de proto-science fiction, un certain nombre d’auteurs noirs. [M. P. Shiel, Martin Delany, Sutton E. Griggs, Edward Johnson…] Je crois avoir entendu Harlan Ellison [NDLR : auteur américain de science-fiction] affirmer que dans la génération pulp, nous connaissons des dizaines d’écrivains, mais uniquement par leurs prénoms […] Ainsi nous n’avons tout simplement aucun moyen de savoir [combien] étaient noirs, hispaniques, femmes, natifs Américains, asiatiques… C’est l’apanage des écrivains. » Samuel R. Delany
« L’homme africain est entré dans le futur »
Mercredi 16 décembre, l’équipe de Black(s) to the Future a été invitée à participer à l’émission « Les Nouvelles Vagues » sur France Culture, en compagnie de Mélissa Laveaux, auteure, compositrice et interprète.
Où est passée la diversité dans la mode depuis “la bataille de Versailles” ?
“La Bataille de Versailles”, désignée comme telle par John Fairchild, ancien éditeur du magazine de mode américain Women’s Wear Daily, sert de point de départ à la mode américaine telle qu’on la connaît aujourd’hui, ayant déclenché un vent de mixité ethnique dans les défilés qui a duré un peu moins de 10 dix ans. “[Les créateurs] qui auparavant cherchaient à faire de l’entertainment, s’entouraient de mannequins noires-américaines, capables de naturel et de spontanéité sur le podium.” Mais au milieu des années 80, “une fois la mode de l’entertainment passée, ces mêmes mannequins ont été de moins en moins demandées.”
Afrofuturistes tacites
Dans un essai paru dans le catalogue de l’exposition “The Shadows Took Shape”, Alondra Nelson* a écrit : “Dans la ferveur émancipatrice qu’a provoqué le mouvement, l’afro-futurisme [s’est avéré] plus susceptible d’être représenté par des figures telles que Sun Ra, George Clinton, Jean-Michel Basquiat, Ralph Ellison et par le film “The Brother From Another Planet” que par des femmes telles que LaBelle, Ellen Gallagher, Laila Ali, Jewelle Gomez ou encore Nyota Uhura.” En outre, le caractère queer (dans son sens le plus large) de visionnaires contemporains, à l’instar de Samuel R. Delany, Octavia E. Butler et Nalo Hopkinson est trop souvent relégué au second plan, alors qu’il s’agit là de figures essentielles de l’esthétique afro-futuriste.”
Sun Ra – Janelle Monae : portraits croisés
Tapez leurs deux noms dans Google et vous en aurez le coeur net : figures imposées de l’afro-futurisme, l’éminent Sun Ra et l’archandroïde Janelle Monae sont liés dans l’inconscient cybernétique par un mouvement dont ils ne se proclament même pas… ou si peu. Si le premier s’en est retourné sur la planète Saturne en 1993, la seconde voyage au gré du vent et des époques dans une réalité parallèle à la nôtre.
Ousmane Sow, le premier homme noir à l’Académie des Beaux Arts
« Mon élection a d’autant plus de valeur à mes yeux que vous avez toujours eu la sagesse de ne pas instaurer de quota racial, ethnique ou religieux pour être admis parmi vous ». Elu à l’unanimité en 2013, le sculpteur sénégalais marche dans les pas de Léopold Sédar Senghor, élu à l’Académie française trente ans plus tôt. Cette intronisation marque les prémices d’une nouvelle époque : après la recherche perpétuelle de modèles, la prise de conscience qu’un futur est possible… En soi-même. »
Alva Bernadine : « I am one man subculture »
Alva Bernadine, photographe énigmatique pour certains, fétichiste pour d’autres, est pour le moins singulier. Déconstruisant la figure féminine communément exposée dans l’art, l’artiste originaire de Grenade s’est fait une place toute particulière au sein de la pop culture, repris par de nombreux artistes à l’instar d’Azealia Banks, qui imite une de ses oeuvres dans le clip “Yung Rapunxel”.