AFROFUTURISME CLANDESTIN (2/2)

En octobre dernier, nous avons sous-titré en français le film « Space is the Place » de Sun Ra. Il était temps que nous le partagions avec vous! / Mais comme nous apprécions la causette, nous profitons aussi de l’occasion pour partager quelques pensées abordées dans un discours à Johannesburg lors des conférences Black Portraitures III en novembre 2016.

AFROFUTURISME CLANDESTIN (1/2)

En octobre dernier, nous avons sous-titré en français le film « Space is the Place » de Sun Ra. Il était temps que nous le partagions avec vous! / Mais comme nous apprécions la causette, nous profitons aussi de l’occasion pour partager quelques pensées abordées dans un discours à Johannesburg lors des conférences Black Portraitures III en novembre 2016.

l’afrofuturisme en 3 points EXPANSION(S)

La SF et autres genres fantasy ont aujourd’hui cessé d’etre une contre-culture, perdant de leur caractère alternatif et parfois subversif. Toutefois, l’idée de durabilité écologique, en «rapprochant» significativement l’avenir, pose une urgence a changer le présent, ici et maintenant. Ce à quoi s’ajoute la démocratisation d’un certain nombre de savoirs & pratiques et l’explosion des styles & références qui ont fait évoluer la notion de marge (espaces dématérialisés, communautés virtuelles, etc.). L’AFROFUTURISME engage ainsi un changement global, créatif et d’actions. Prenant le parti de ceux qui pendant des siècles, marginalisés, ont incarnés l’altérité, il s’adresse plus que jamais à l’ensemble du monde. Inclusif et foisonnant, hétérogène et décomplexé, trans- (au sens premier de traversée), il nous invite à performer le monde.

l’afrofuturisme en 3 points CONCEPTUALISATION

L’afrofuturisme se fait (re-)connaître par son rapport à la fiction, voire à la science-fiction. Plus qu’une échappatoire, il propose des alternatives à un présent qui, au pire nous refuse toute existence, au mieux échappe à notre influence. C’est l’avènement de nouveaux imaginaires comme outils de remise en question et de critique, pour de nouvelles narrations de l’histoire. Fait d’auteur.e.s qui, opiniâtres, proposent de nouvelles représentations du monde – plus ou moins radicales mais toujours neuves – l’afrofuturisme permet d’envisager, d’imaginer et de faire advenir le monde autrement. Par delà le songe, il devient méthodologie prospective.

l’afrofuturisme en 3 points INCARNATION

L’afrofuturisme est d’abord l’affaire de parcours individuels. Entre fantasmes personnels, provocation et leadership, il est le fait de personnalités fortes et libres dont la mission n’est autre que d’insuffler à chacun le courage nécessaire à sa propre émancipation, à son auto-définition. Jouant des lois et des habitudes communes ou imposées, écrivant leur propre mythologie, leur modèle sert à lui seul de manifeste. Musiciens, ils feront de l’engouement pour la « black music » le levier de diffusion de leur message – éclectique, impossible, dense. L’afrofuturisme se pose dès lors comme un mode de vie original et auto-déterminé : c’est la force du mythe.

L’afro-cosmologie prête-à-porter de Selly Raby Kane

Un homme et une femme dansent au rythme hypnotique de percussions synthétiques et d’un chant déformé. Ils piétinent la terre nue et soulèvent des nuages de poussière, leurs membres supérieurs dessinent des formes elliptiques avec pour toile de fond des galaxies nébuleuses. Les danseurs isolés twistent sous l’invisible pression de l’instance du martèlement sonore, dans ce vide sans fond d’où les étoiles vibrent du coeur nu d’amas colorés. En gymnastes défiant la gravité, ils se déplacent sous un rayon de lumière bleue fluorescente diffusé par l’oeil d’une nébuleuse. On les convoque. Une échelle semble monter quelque part, nulle part. Dystopie ou utopie ? La scène ne nous dit pas si les personnages accueillent l’appel ou y résistent.

De l’influence de l’afrofuturisme sur l’art du vêtement

Dans son article paru dans AnOther Magazine, Laura Havlin saisit de manière assez juste les contours de l’esthétique afrofuturiste et son influence sur les tendances vestimentaires afro. (N.D.L.R. : l’article qui suit est d’abord été publié sur « Afrosartorialism », le blog de la chercheuse Enrica Picarelli, le 29/12/15)

Art by Krigga : balance your equation

“J’ai vraiment commencé à m’intéresser au collage quand je me suis mis à étudier l’alchimie. L’idée de prendre une “prima materia” et de la transmuter en quelque chose de nouveau m’est apparu comme une évidence. J’ai toujours été fasciné par l’esthétique du collage, et j’étais naturellement doué pour ça. Ce qui m’a définitivement motivé c’était le manque de visages et de corps noirs au sein d’une telle expression.” Krigga

Afro-futuristes Anonymes

“Pour le meilleur ou pour le pire, on parle souvent de moi comme le premier auteur de science-fiction africain-américain. On retrouve pourtant [au sein] ce que l’on qualifie généralement de proto-science fiction, un certain nombre d’auteurs noirs. [M. P. Shiel, Martin Delany, Sutton E. Griggs, Edward Johnson…] Je crois avoir entendu Harlan Ellison [NDLR : auteur américain de science-fiction] affirmer que dans la génération pulp, nous connaissons des dizaines d’écrivains, mais uniquement par leurs prénoms […] Ainsi nous n’avons tout simplement aucun moyen de savoir [combien] étaient noirs, hispaniques, femmes, natifs Américains, asiatiques… C’est l’apanage des écrivains. » Samuel R. Delany

Mark Dery, l’entretien (4/4) : Futurs alternatifs et la place (ambiguë) de l’Afrique

Si l’on en croit une prédiction qui n’est peut-être plus si improbable que ça, les nanotechnologies et l’intelligence artificielle (IA) rendent plus que jamais imminente la menace de la disparition de l’humanité. Cela dit, les discours perpétrés depuis les trans-humanistes jusqu’aux défendeurs de la Singularité doivent immédiatement être passés au crible !

YZ raconte « Amazone » : « J’ai cherché les guerrières du passé pour parler à celles du futur »

Dans l’actuel Bénin, pendant la première guerre franco-dahoméenne dans les années 1890, il y avait un régiment de femmes combattantes, les Amazones du Dahomey, qui protégeaient le roi lui-même. Choisies pour leur physique robuste et athlétique, ces guerrières intrépides qui tranchaient la tête des soldats français, étaient socialement assimilées aux hommes.