Art by Krigga : balance your equation

“J’ai vraiment commencé à m’intéresser au collage quand je me suis mis à étudier l’alchimie. L’idée de prendre une “prima materia” et de la transmuter en quelque chose de nouveau m’est apparu comme une évidence. J’ai toujours été fasciné par l’esthétique du collage, et j’étais naturellement doué pour ça. Ce qui m’a définitivement motivé c’était le manque de visages et de corps noirs au sein d’une telle expression.” Krigga

Afro-futuristes Anonymes

“Pour le meilleur ou pour le pire, on parle souvent de moi comme le premier auteur de science-fiction africain-américain. On retrouve pourtant [au sein] ce que l’on qualifie généralement de proto-science fiction, un certain nombre d’auteurs noirs. [M. P. Shiel, Martin Delany, Sutton E. Griggs, Edward Johnson…] Je crois avoir entendu Harlan Ellison [NDLR : auteur américain de science-fiction] affirmer que dans la génération pulp, nous connaissons des dizaines d’écrivains, mais uniquement par leurs prénoms […] Ainsi nous n’avons tout simplement aucun moyen de savoir [combien] étaient noirs, hispaniques, femmes, natifs Américains, asiatiques… C’est l’apanage des écrivains. » Samuel R. Delany

Mark Dery, l’entretien (4/4) : Futurs alternatifs et la place (ambiguë) de l’Afrique

Si l’on en croit une prédiction qui n’est peut-être plus si improbable que ça, les nanotechnologies et l’intelligence artificielle (IA) rendent plus que jamais imminente la menace de la disparition de l’humanité. Cela dit, les discours perpétrés depuis les trans-humanistes jusqu’aux défendeurs de la Singularité doivent immédiatement être passés au crible !

Afrofuturistes tacites

Dans un essai paru dans le catalogue de l’exposition “The Shadows Took Shape”, Alondra Nelson* a écrit : “Dans la ferveur émancipatrice qu’a provoqué le mouvement, l’afro-futurisme [s’est avéré] plus susceptible d’être représenté par des figures telles que Sun Ra, George Clinton, Jean-Michel Basquiat, Ralph Ellison et par le film “The Brother From Another Planet” que par des femmes telles que LaBelle, Ellen Gallagher, Laila Ali, Jewelle Gomez ou encore Nyota Uhura.” En outre, le caractère queer (dans son sens le plus large) de visionnaires contemporains, à l’instar de Samuel R. Delany, Octavia E. Butler et Nalo Hopkinson est trop souvent relégué au second plan, alors qu’il s’agit là de figures essentielles de l’esthétique afro-futuriste.”

Afro-futurisme : le chevauchement des temps

On connaît l’afro-futurisme en tant que mouvement artistique et littéraire. Mais c’est bien plus : un véritable paradigme, une représentation « autre » du monde. L’afro-futurisme défie le temps, l’un des principes fondateurs de l’organisation de nos sociétés modernes, en semant aussi le doute sur l’essence même de ce que nous sommes en tant qu’êtres humains.

Afro-futurisme : le complexe “afro”

A “Modern-Day Warrior" - Debra Shaw for Manish Arora Fall-Winter 2015/16

L’afro-futurisme repose sur une ambiguïté que personne ne semble mentionner : à quoi sa fraction « afro » renvoie-t-elle ?
Tout le monde s’accorde pour dire que l’afro-futurisme a trait à une représentation science-fictionnelle du monde, d’un point de vue afro. Mais qu’est-ce qu’un point de vue afro ?

Mark Dery, l’entretien (2/4) : La lutte d’une communauté sans cesse remise en jeu

Le mois dernier nous avons dressé le portrait de Mark Dery, qui a entre autres inventé le terme afro-futurisme. Nous vous proposons maintenant de découvrir avec lui ce qu’a été l’afro-futurisme et ce qu’il en reste aujourd’hui, dans un contexte spécieux dans lequel on ne cesse de dénoncer les discriminations criantes tout en oubliant leurs formes systémiques (“What stands beyond Afrofuturism?”).

Mark Dery, le portrait (1/4)

Critique, essayiste, auteur, maître de conférences, journaliste, véritable Newyorker… Des tendances urbaines à la technoculture, Mark Dery a tout observé (quand il ne s’agissait pas de dénoncer!) au cours de ces vingt dernières années. Et c’est d’ailleurs à lui que nous devons le terme afro-futurisme, proposé dans son article “Black to the future” (d’après un titre original du rappeur et tenant de la scène hip-hop alternative, Def Jef).