YZ raconte « Amazone » : « J’ai cherché les guerrières du passé pour parler à celles du futur »

L’artiste française YZ Yseult (YZ se prononçant comme eyes, les « yeux » en français) a voulu rendre hommage à ces combattantes hautement qualifiées à travers un projet réalisé au Sénégal il y a quelques mois : les visages de ces guerrières imprimés sur papier de soie ont été symboliquement affichés sur les murs de maisons, cantines, restaurants et autres lieux tenus par des femmes, en s’intégrant avec ces paysages domestiques.

 

GRIOT Magazine a parlé avec YZ pour en savoir plus…

 

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Récrire l’histoire sur les murs, rendre la mémoire à un peuple, inspirer les femmes africaines. Amazone est un projet d’art public, mais aussi une campagne sociale visant à reconstruire le passé. Quelle a été la réaction des femmes sénégalaises?

Un peuple qui a la mémoire courte est un peuple qui n’a pas d’avenir“, David Gakunzi. Que ce soit pour l’Afrique ou bien n’importe quel autre continent, nous avons besoin de connaître notre passé, de savoir qui nous sommes pour nous construire, connaitre nos blessures ainsi que nos victoires. L’Afrique connait une évolution rapide et c’est important qu’elle puisse s’inspirer de ces femmes et de ces hommes qui ont fait la force de ce territoire.

 

Dans le cadre du projet Amazone, il est apparu évident que les passants étaient sensibles à leur histoire et très curieux du nom de ces portraits que je posais sur les murs.

 

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Les femmes, tout autant que les hommes, validaient la démarche. Néanmoins, cette série de portraits étant réalisée en papier, cela en fait un support très éphémère. Ce qu’il reste c’est une photographie de l’œuvre in situ, dans son contexte, qui peut, par la suite, être diffusée. C’est au final le medium qui touche le plus grand nombre de personnes et c’est à ce moment là que j’ai ressenti un réel intérêt pour le sujet et son importance pour les femmes mais également les hommes, sensibles ou non à la culture africaine.

 

Ce projet propose une image de l’Afrique forte, digne, courageuse et surtout féminine, autrement différente de l’image souvent véhiculée par les médias occidentaux, par exemple.

La relation que tu as avec les espaces s’instaure à travers l’art public, en particulier par la technique du pochoir, celle que tu utilises le plus souvent. Quelle est ta relation avec l’Afrique, mais aussi, avec les surfaces sur lesquelles tu choisis d’intervenir ?

Je suis venue pour la première fois en Afrique, au Sénégal plus particulièrement, lorsque j’avais 20 ans pour y habiter durant une année. Ce voyage s’accompagnait d’une recherche identitaire que je souhaitais réaliser. Effectivement en plus d’être anglo-française, mon grand-père était également guadeloupéen. Par la suite, j’ai parcouru de nombreux pays d’Afrique.

 

Cette culture ancestrale m’a passionnée et m’a permis de me construire. La place des femmes m’a également beaucoup inspirée. Je pense qu’elles sont la force de l’Afrique et de son avenir.

 

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Ainsi le choix des surfaces dans le cadre du projet Amazone, s’est fait assez intuitivement. Beaucoup de cantines sont tenues par des femmes, elles y vendent du pain, y tiennent un restaurant, etc. Je trouvais ainsi le support tout à fait approprié au projet, une manière de mettre en valeur l’histoire de ces femmes qui ont marqué celle avec un grand « H », en parallèle du quotidien de ces femmes du Sénégal.

 

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Le support sur lequel j’interviens doit de toute manière venir en résonance avec le sujet que je traite. C’est d’ailleurs en ce sens que j’utilise du papier de soie, un papier très fin qui laisse apparaître la matière du support et donc son histoire.

 

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Amazone semble la suite naturelle d’un autre projet consacré aux femmes de Guadeloupe “Back to the Roots”. Tu es en train de réaliser d’autres projets consacrés aux femmes?

Il y a une continuité dans les projets que j’entreprends. Ces choix sont définis par mon histoire et donc celle que j’écris. Effectivement “Back to the roots” s’inscrit dans la lignée de ces projets qui valorisent notre culture. Le projet Amazone parle des femmes en Afrique mais c’est également un projet qui peut se transposer dans d’autres pays, d’autres continents.

 

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D’une manière générale, les femmes m’inspirent qu’elles soient contemporaines ou bien d’un autre siècle. Leur combat, leur courage, leur expérience de vie m’accompagne dans mes choix de vie, mes convictions et j’espère que des projets comme celui sauront faire communiquer ces valeurs.

 

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La réalisation des œuvres a-t-elle été difficile ? Est-ce que tu t’es cachée ?

Je ne me cache plus pour réaliser mes installations dans la rue depuis bien longtemps. Il est tout à fait possible d’aller voir les gens, leur parler du projet et les faire participer à son écriture en leur demandant l’autorisation. En ce sens j’ai d’ailleurs rencontré de nombreuses femmes. Parfois dans certains quartiers, les réactions pouvaient porter à polémique, mais d’une manière générale les habitants étaient assez réceptif au projet, à partir du moment ou on leur en expliquait l’intention.

Credits | YZ + GRIOT

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GRIOT Magazine

(Article by Virginia Marchione)

 

Par GRIOT Magazine

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